Au
début des années 1970, Lise Bissonnette a hérité de sa mère d’un motel en
périphérie de Montréal, à Longueuil. Elle l’a transformé en une maison de
chambres pour personnes marginalisées. Elle y héberge 90 résidents. Au fil des
années, sa clientèle s’est transformée : les plus défavorisés ont laissé
leur place à des personnes tout aussi pauvres mais souffrant, en plus, de
maladies mentales, congédiés des hôpitaux et placés ici et là par des
travailleurs sociaux surchargés de travail. Lise accepte tout le monde.
On compte par centaines ce genre de maisons réparties tout autour de Montréal.
Chez Lise est l'une des plus grandes.
Une chambre chauffée avec service de blanchisserie, ménage, télévision et repas
coûte 740 $ par mois. Cet argent est retiré de leur chèque d'aide sociale.
Contrairement à d’autres endroits, les pensionnaires ont ici une clé et peuvent
aller et venir à leur guise.
Il n'y a ni médecins ni infirmières, pas de cours de réhabilitation, aucune
aide financière et peu de supervision. Les résidents, isolés physiquement et
mentalement, passent leurs journées sous médication à fumer des cigarettes en regardant
la télévision. Sans aide du gouvernement, Lise a du mal à joindre les deux
bouts et s'appuie fortement sur des organismes de bienfaisance ainsi que sur
des bénévoles.
le debut du film
Jeanne
Pope et James Galwey ont commencé par faire du bénévolat chez Lise en 2010 et
ont rapidement fait la connaissance de Deanna et de son ami, Gordon. Ils
étaient les enfants terribles de la maison, toujours en train de se disputer et
de perturber les autres résidents.
Au départ, l'idée était de faire un documentaire sur
l'état du système de santé mentale au Québec, d’interviewer les médecins et
professionnels pour mettre en évidence le sort des personnes souffrant de
troubles mentaux. Les cinéastes ont vite réalisé que la véritable histoire n'était
pas celle du système, mais de ces deux amoureux qui le subissait en tentant de
vivre leur histoire d'amour.
Jeanne
Pope et James Galwey ont emprunté de nombreuses techniques
de fiction : voix off, musique quasi omniprésente, chevauchements sonores et une structure en trois actes. Chez Lise se déroule comme un
drame de fiction.
Il n'y a pas d'entrevues ni avec des
médecins ni avec des professionnels, il s’agit
uniquement de la réalité de Deanna, Gordon et Lise et de
leur lutte pour passer la journée.